samedi 20 septembre 2014

Une partie de mon livre...

Outre Méditerranée 

Dans la blancheur d’une autre ville d’Afrique du Nord, je suis arrivée sans hâte, simplement, petite douleur déchirant les entrailles de ma mère en une journée de juillet comme les autres. Je suis venue dans un vagissement émouvant, sans lequel ç’eut été le néant, la naissance manquée, l’amour sans fruit… Le ciel a voulu que mes poumons se gonflassent telle une voile pour donner son élan de départ au navire de mon existence. Comme si en poussant ce cri, j’avais ouvert la porte de ma vie. Il a suffi d’un souffle… C’était en l’année 1945. Depuis, je vogue, à travers les tempêtes, les mers calmes, au large ou près des côtes, je vogue, toutes voiles dehors, tandis que les vagues bondissantes viennent heurter ma coque presque indestructible… 

Je suis née dans une débauche de parfums et d’arômes, entourée de lauriers roses et de palmiers dattiers, éblouie par la lumière intense d’un début d’après-midi. Tout était empreint d’une odeur d’intrigue qui sut toucher le nouveau-né que j’étais dès ses premiers instants de vie… 

De ces années de soleil et de chaleur, il reste en ma mémoire de brèves séquences qui clignotent comme des diapositives fixant devant mes yeux des silhouettes de femmes enveloppées dans leur voile éblouissant. Je ressens encore l’écrasement d’une chaleur insistante, L’éclat d’un soleil de plomb accroché à un ciel bleu insolent et le mystère créé par l’étroitesse des ruelles, le vêtement qui ne dévoilait que des yeux : spectacle évocateur de spectres! Étaient-ce des fantômes, ces formes immaculées qui se profilaient dans les rues d’Alger? 

De doux bras m’emportaient dès que mes cris se faisaient implorants! Je ressens encore aujourd’hui profondément la tendresse de leur étreinte, une tendresse pénétrante qui envahissait mon cœur tout neuf d’un amour qu’il ne se lassera plus d’éprouver ni de réclamer. Il m’a nourrie, cet amour, autant qu’a pu le faire le sein de ma mère, nourrie d’un nectar inépuisable de sensibilité et de réceptivité. Dès lors, j’ai su qu’existait dans les rapports la dualité des joies et des chagrins. J’ai compris qu’aimer suscitait le besoin, chez l’aimé comme chez l’aimant, et qu’ainsi s’exprimait le mal d’aimer. On veut tant garder l’amour, en prolonger le plaisir qu’on finit par ne plus pouvoir s’en passer. Il devient le moteur même de la vie. 


Dans mon entourage, je sentais que des yeux me regardaient sans cesse et je voyais de petites mains se tendre vers moi pour me toucher. Si petites fussent-elles ces mains, celles de ma sœur Maïe, surent m’emporter dans leur tendresse enfantine et me combler d’une affection protectrice et attentionnée de tous les instants. Une silhouette haute et imposante s’approchait souvent de moi. Un regard de père fier et admiratif m’observait tandis que me parvenait une solide voix de basse, mélodie rassurante et bienfaisante qui a bercé mes premières années. 

Je venais donc combler la solitude d’enfant unique d’une petite fille, ma grande sœur, de deux ans et trois mois mon aînée, dont la naissance avait été chèrement désirée. Elle et moi allions devenir de proches compagnes. Tout au long de mon enfance et jusqu’à la vingtaine, ma sœur saura faire naître chez moi une admiration mêlée de respect. Je me réjouissais de sa présence et ressentais cruellement son absence. Elle faisait partie intégrante de ma vie, comme si elle et moi formions un tout indissociable. Il existe encore entre nous une complémentarité qui, par moments, peut nous opposer, tout en constituant notre lien le plus fort. 

J’appris vite à marcher pour aller avec ma sœur « mener, mener sur la maison » ainsi que l’exprimait le langage enfantin de mes quelque quinze mois. Nous allions sur l’immense terrasse qui aurait pu nous servir de tremplin pour parcourir ainsi sans toucher le sol tous les toits de notre quartier. La personne qui aidait maman y étendait le linge blanc qui y battait au vent comme un drapeau de paix. Cette terrasse, pourtant, fut le théâtre du premier drame dont je fus responsable, lorsque, avec la plus grande des naïvetés, je saisis par le bras Adèle, la poupée chérie de ma sœur, que j’entrepris de secouer allègrement, tant et si bien que le bras que je tenais se détacha du corps, brutalement. Je ne puis oublier l’horreur qui se lisait dans les yeux de ma sœur, ni son cri de désespoir, ni le torrent de larmes inépuisables qui y a succédé. Il n’y a pas vraiment eu d’enterrement…, mais j’entends encore la voix grave de mon père fredonner avec humour : « …Car elle est morte Adèle, Adèle ma bien aimée.... ».

Je conserve peu d’images nettes de mes trois premières années si ce n’est la disposition de l’appartement que nous occupions et son balcon, premier contact avec l’extérieur, d’où je percevais, étonnée, le spectacle mystérieux et exotique d’une ville nord-africaine, et qui laissait s’infiltrer la gamme des parfums mêlés d’odeurs de menthe, de fleur d’oranger, de miel et de couscous.

Un souvenir demeure, suave, d’une grande douceur, celui de Mamy, la grande amie de ma mère qui nous a côtoyées, ma sœur et moi, toute notre enfance. Sa silhouette, qui respirait la bonté, transportait en permanence un parfum de fraîcheur et de propreté. De ses mains rassurantes, elle nous caressait affectueusement la tête et les joues en murmurant des paroles généreuses, à son image, Mamy nous a hélas quittés trop tôt, dans la solitude et le désespoir, à la suite d’une mauvaise chute dont elle ne s’est jamais remise. Je lui ai rendu visite à l’époque (fin des années 1970) à une clinique du Plessis-Robinson. Toujours aussi charmante et pleine d’une grande gentillesse, elle avait malheureusement perdu la notion du temps et prenait même son petit-fils Daniel pour son fils André, mort quinze ans plus tôt, un peu comme si elle avait fait abstraction d’une trentaine d’années de sa vie. C’était peine à voir. Mes pensées vont vers toi, Mamy-bonté, Mamy-amour. Ton contact bienfaisant m’a donné envie d’être un ange. Pardon Mamy, que dis-tu, je n’entends pas très bien? En suis-je devenue un?... Eh bien, selon le vieil adage, n’est-ce pas l’intention qui compte?... 

Dans la brume confuse de mes plus anciens souvenirs se dessine une plage baignée d’une lumière toute méditerranéenne. Est-ce bien moi ce robuste bambin à la mine réjouie, confortablement installé dans les bras d’une belle jeune femme brune, en qui je reconnais ma belle-sœur Huguette? Surprenant, si l’on en croit ma mère, qui a toujours affirmé que je refusais à tout prix de quitter son giron. Des noms de lieux remontent encore brouillés, en ma mémoire : Oran, Bou Sfer, que sais-je ma mère, les cheveux au vent, m’enlevait dans ses bras pour me faire marcher, Je crois encore sentir sur mes pieds la caresse infinie du sable qu’ils foulaient maladroitement. Ma pauvre grande sœur ne pouvant tolérer que quiconque osât mettre la main sur moi, à l’exception de ma mère, se remettait lentement d’une colère suscitée par son esprit de protection. Plutôt mûr de la part d’une enfant de son âge!... Maïe n’a jamais cessé de se sentir responsable de moi (de mes repas, de mes activités, du moindre de mes plaisirs), elle agit en conséquence. De mon côté, je n’attends pas d’elle qu’elle me materne. Mais le sait-elle? Il semble que non, jusqu’à présent. Et c’est ainsi que se sont édifiés nos rapports. 

Alger m’a fait don du soleil, de la chaleur, des parfums d’une culture autre que la mienne, de mes premières émotions. Alger m’a fait éprouver mes premiers élans d’amour et jouir des premières marques d’affection de mes proches. C’est à Alger que j’ai ouvert les yeux, gonflé mes poumons d’un premier souffle de vie… Mais le destin nous appelait tous ailleurs. Ma sœur et moi devions, semble-t-il grandir, dans le pays de nos parents. Et nous nous préparions tranquillement à rompre le charme… C’est ainsi. 

Ce fut bientôt l’heure du départ. Arrachés à la blancheur ensoleillée de la ville d’Alger, nous nous sommes éloignés du quai, emportés dans ce bateau trait d’union. Fini le mystère des femmes voilées aux yeux de braise. Fini l’engourdissement des membres dans une chaleur permanente. La Méditerranée nous portait vers les rives d’une France vivante, expressive, transparente. Des gestes de ma mère émanait déjà cette douceur que je connus dès mon premier pas sur le sol français.


Jeanne

 

samedi 28 juin 2014

Merci maman...

Ô maman adorée qui vis en ma mémoire
M’as appris à aimer, à donner et sans gloire
Tu as glissé en moi cet amour de la vie
Ai reçu Joie du monde quand tu m’as souri.

De tes mains de tendresse, de ta bouche d’amour
M’as transmis dans mon cœur la beauté chaque jour
M’as fait voir en l’humain oui un autre moi-même
M’as appris à toujours savoir dire « Je t’aime! ».

M’as montré un chemin, le chemin d’un trésor
D’une vie sans la haine et moi en chercheur d’or
Suis partie dénicher en chaque être le cœur
Merci maman de m’avoir légué le bonheur!

Jeanne
Ottawa,
le 28 juin 2014

mercredi 21 mai 2014

À mon ami haïtien...

Adressé à mon ami l'ambassadeur d'Haïti à Ottawa (de l'époque) aujourd'hui décédé.

Haïti terre
Haïti peuple
Haïti vie
Haïti pensée
Sur ta terre, Haïti, un jour j'ai mis le pied
Et mon corps tout entier
Est entré dans ta vie.
Ma pensée s'est liée avec ta pensée
Pour m'apprendre à aimer ton peuple, 
Haïti.

Haïti sourires
Haïti joies
Haïti espoir
Haïti amour
Sur ton ciel un jour mes yeux se sont posés
Et mon corps tout entier
A goûté ce bonheur
De vivre intensément ta terre et ton parfum
Avec un coeur plus près de la naïveté,
Haïti.

Haïti,
Loin sont les jours où ta terre me prêtait
Un logis, 
Une parcelle où installer mon nid
Loin sont les doux instants où je pouvais laisser,
Dans la vie quotidienne,
Ma peau frôler la peau de tes nombreux enfants.
Haïti, amitié, chaleur et encore Vie
Tu persistes en mon coeur, tu persistes en ma tête.
Tu voles mon Amour, tu vois je te fais fête.
Et à toi beaucoup plus qu'à nul autre pays.

Haïti,
Les mots ne sont rien à côté de mon coeur...
Je me sens incapable d'exprimer la moitié
De ce que je ressens
Oui, de mon amitié.
Vous, vous voilà, et à l'unisson
Nous volons vers "Haïti chérie".
Nos idées se rejoignent sur votre terre-mère...
Et pour moi Haïti est comme la mère
De mon amour de la vie.
Haïti.

Haïti digne
Haïti fière
Haïti grande
Haïti un pays, petit, mais le pays
Où est contenue toute la philosophie
Du monde.
Comme si dans les grands
Cette philosophie se sentirait perdue,
Noyée dans l'oubli des vraies valeurs...

Haïti,
Mon amie.
(amie, amie, amie...... me répète l'écho)

Jeanne
1977


Demain peut-être, mais hier....?

Avenir es-tu court, avenir es-tu long?
Sauras-tu me surprendre en m'aidant pour un temps
À trouver un chemin vers le Beau, vers le Bon
Vers l'amour du prochain, vers l'Amour simplement?

Pourquoi t'es-tu changé si vite en un passé
Qui m'avait tout donné? Le présent me reprend
Les faveurs qu'autrefois, Avenir avenant,
Tu sus me prodiguer. Pourquoi es-tu passé?

Dis pourquoi, à présent! Je voudrais t'oublier
Beau passé effacé par une indifférence
Qui est très dépassée autant qu'injustifiée.
Je ne peux te renier, passé, en ton absence.

Je ne peux être injuste avec toi qui fus Tout,
Toute une vie, Ma Vie; je ne sais qu'y penser...
Mes souvenirs masquent le domaine ignoré
Des lendemains. Ô jours passés je suis à vous.

Je ne suis aujourd'hui sûre que du passé,
L'Avenir n'est qu'un mot... Qui dit que nous vivrons
Demain, après-demain? Qui peut nous révéler
Combien de jours encore nous accumulerons?

Qui sait de quoi demain sera fait? Je ne sais...

Jeanne
1972

"Christian"...

...que j'ai connu fin des années 1970, début des années 1980, et dont l'initiale du nom de famille était "L"...

Il est venu en souriant
Calme et tranquille
Il m'a parlé,
Christian
Il...

...M'a regardée droit dans les yeux
Brillant, subtil,
L'on a dansé,
Christian
Il...

... A mis son bras sur mon épaule,
Tendre et gentil,
Ne m'a pas quittée
Christian
Il...

...M'a serrée fort, tourbillonnant
Fort volubile,
M'a subjuguée
Christian
Il...

...Est dans mon coeur depuis ce temps
Indélébile,
M'a emportée...
Christian
L. ...

Jeanne
1980


vendredi 9 mai 2014

À "Mamy", avec tout mon affection...

Mon enfance t'a vue penchée sur mon berceau
Au soleil pénétrant du ciel bleu algérien,
Mon enfance t'a eue, la joie, tel un ruisseau,
Coulait sur ces instants heureux et aériens.

Mamy, ce fut ce nom qui jaillit de nos cœurs
Quand nos yeux éblouis voyaient venir de loin
Ta silhouette si bonne, évoquant le bonheur
Dispensé par tes mains à chacune, à chacun.

Et à présent encore tu enchantes les miens.
Vois, nos deux enfants blonds vers toi sont attirés.
Ils pressentent en toi la noblesse des biens,
Ces élans généreux qui te font adorer...

Je te dis aujourd'hui que je t'aime et t'aimais,
Cela, soyons-en sûrs, ne saura te surprendre.
Chère "amie de maman" qu'on n'oubliera jamais
Je t'envoie une pluie de baisers doux et tendres...

Jeanne
1973 




Le fil de la vie...

La vie est comme un ruisseau
Qui suit son cours calmement.
La vie est comme un ruisseau
Qui folâtre à travers champs.

Sur son chemin il rencontre
Des rochers tranchants qui blessent
Son doux flanc et qui se montrent
Bien cruels, je le confesse...

Comme il avait pris son élan
Il poursuit sa course effrénée
Et ne trouve jamais le temps
De s'arrêter pour respirer.

Ses eaux emportent des parcelles
Des terrains qu'il a parcourus.
Ce sont des souvenirs fidèles,
Des morceaux d'un passé perdu...

Jeanne
1972

samedi 26 avril 2014

C'est...

C'est un peu comme le vent
Qui caresse le feuillage,
C’est un peu comme une main
Qui nous frôle le visage,
C’est un peu comme un bon vin
Qui nous grise sans ambages
C’est plus beau qu’un jour naissant,
Plus beau qu’une nuit tombante
C'est plus frais que le Printemps
Qui réveille et qui enchante.

C’est plus vrai que Vérité,
Plus chantant que mélodie,
Plus riant que jours d’été.
C'est le sel de notre vie…

Vous voulez que je la nomme?
C’est simplement l’Amitié.
La plus belle chose en somme
Que nous puissions posséder :

Elle n’est pas fleur des champs
Ni non plus fraise des bois.
Il faut la chercher longtemps :
C’est présent digne des rois…

Tout comme un métal précieux
Elle est rare et recherchée.
C’est peut-être un don de Dieu
Dont on doit le remercier.

Moi qui suis un peu croyante
J’ai écrit ces quelques mots
Car je suis reconnaissante
Pour ce merveilleux cadeau!

Jeanne
!981



lundi 7 avril 2014

Printemps...

Printemps, avec tes cheveux d'herbe,
tes bras en branches feuillues,
les rayons de doux soleil que sont tes yeux,
ton nez en forme de couloir où passent
les courants de ton air frais,
ta bouche en ruisseau qui bruisse,
tes oreilles sensibles au moindre son harmonieux,
tes joues en sourire, en joie, en espérance,
tes mains qui donnent et jamais ne prennent,
tes pieds qui foulent délicatement, à pas de loup,
notre vie,
toi qui nous pénètres les sens et t'infuses en 
nous profondément,
Je t'accueille à bras grands ouverts.
Endormie, je sombrais dans un affreux cauchemar
et ta main sur moi s'est posée pour m'ouvrir les yeux.
Tu m'as apporté le désir de vivre intensément,
de bouger, de sortir, de te respirer à pleins
poumons.
Je ne veux pas te quitter un instant,
Printemps si beau, si tendre, si aimant,
Tu es comme un merveilleux amant
qu'on n'oublie jamais...

Jeanne
1970   

lundi 24 mars 2014

Un livre qui devient mon livre...

Un livre fermé sur ses pages, qui semblent se serrer frileusement les unes contre les autres liées par leur contenu, un livre est un peu comme un colis de mystère. On l’ouvre, il se dévoile petit à petit comme un être humain, se révélant sous forme de confidences. Il nous entraîne dans son aventure en nous faisant basculer dans ses pages, enivrés que nous sommes autant par la magie de l'agencement et du choix de ses mots, que par l'émerveillement suscité par le récit.

Je viens de lire un très beau roman de Robert Sabatier «  David et Olivier  », un pur joyau, un bijou de souvenirs dans un écrin de fraîcheur. En refermant ce livre après l'enchantement de la lecture, je caresse avec douceur la couverture comme je n'aurais pas su le faire la première fois que je l'ai tenu entre mes mains. Il me semble que le tout qu'il forme m'appartient désormais. Je me suis introduite dans la vie de ses héros, j'ai plongé dans l'atmosphère mouvante dans laquelle ils ont évolué. J'ai souri avec eux; j'ai connu leurs peurs et leur peine; j'ai même ri aux éclats, me faisant leur écho. Je suis aujourd'hui plus riche des descriptions délicates de l'auteur, plus riche de vie humaine...

Je tiens mon livre entre les mains, un peu comme un prêtre tiendrait son bréviaire. Le mot « livre » ne vient-il pas du latin « liber », les deux premières syllabes du mot sacré de  « liberté »? Livre, tu m'as donné cette liberté de sortir de chez moi sans même ouvrir la porte, de faire la connaissance d'une foule de personnages  plus intéressants les uns que les autres, de voyager dans le temps et dans l'espace. Le secret de la joie de lire, c'est aussi la liberté d'appropriation personnelle que chacun fait des images, des sensations, des sentiments, des rapports entre les êtres. D'un plaisir individuel naît un bonheur qui rejoint le monde. 

Merci à toi mon livre, ma liberté...

Jeanne 

Années 1990

dimanche 12 janvier 2014

Souffle du Printemps

Souffle en nous
Étrange bouleversement
Ta venue étonne, surprend
Au creux de nous.

Ô vie, ô rythme
Et par bonheur et partout
Là le renouveau reprend
Un peu plus fou...

Nature autour de nous
Tu n'as pas encore
Redonné vie aux arbres nus
Et ta neige encore
Par taches
Blanchit la terre
Et s'amasse.

En hiver, nos vies sommeillaient
Cependant nos corps sensibles,
Précoces, aujourd'hui vibrent
À leur réveil.

Il est revenu le Printemps
Et chacun l'accueille
Avec joie...
Poussent les feuilles,
Chante le vent
Il est revenu le Printemps!

Jeanne
1980

Le Printemps m'appelle...

J'ai senti dans le vent l'avant-goût du Printemps
Et le soleil m'a dit, railleur, « Laisse-toi faire, 
Tends vers moi ton visage et mes rayons ardents
Tenteront d'évincer la fraîcheur printanière...

Pour colorer ta peau de ce hâle doré
Qui te va à ravir, pour éclaircir le ton
De tes cheveux de blé, pour donner de l'attrait
À ton pauvre visage las à l'abandon...» 

Le Printemps en chemin m'a demandé d'attendre
Son retour très prochain avant de décider
Ce que sera ma vie après ces trois mois tendres
Que j'ai vécus radieuse en rêve à tes côtés...

Ce Printemps qui renaît le temps d'une saison
C'est un peu ce que fut notre Amour à tous deux.
Comme Lui je l'attends et j'en perds la raison,
Comme à Lui je m'y donne, le Ciel dans les yeux.

Sa bouche est, tu le sais, comme un ruisseau qui bruisse.
Et la tienne l'était me murmurant tes mots
Au creux de mon oreille attentive. Ô puisse
Ce Printemps m'apporter l'oubli de tous mes maux!

J'y chanterai l'amour que nous avons brûlé,
J'en vivrai plus de jours qu'il voudra m'accorder,
Je trouverai la joie que tu m'as dérobée,
J'oublierai le chagrin que tu as suscité.

Jeanne
1972









Bonjour soleil

Soleil tu as repris contact avec ma peau,
Tu t'es fait si câlin avec moi aujourd'hui.
Ton beau rayonnement m'a toute réjouie,
Soleil tu me reviens, mon corps se sent au chaud.

Ô émerveillement, ô chaleur, ô bonheur!
Ma vie sans toi cherchait sa lumière, soleil.
Mon corps se faisait morne et triste et seul et vieil,
Ma jeunesse sans toi ignorait son ardeur,

Soleil. Tu as changé la neige en gazon vert,
En arbres tout feuillus, en fleurs épanouies.
Tu as changé l'hiver en un printemps joli,
Tu as changé la glace en sable, en roche, en terre.

Ô soleil au cœur d'or, sourire chaleureux,
Soleil c'est toi qui tiens le secret de la vie.
Avecque la nature tu me réconcilies,
Soleil tu es pour moi l'ami le plus précieux.

Tu fais bouillir mon sang au fond de mes artères,
Tu irradies mon corps d'un bonheur sans pareil,
Tu me sors de moi-même, soleil, tu me réveilles,
Moi qui dormais depuis le début de l'hiver.

Soleil, merci soleil. Merci, merci, merci!
Mon cœur se sent pour toi plein de reconnaissance.
Il te doit son bonheur et son insouciance,
Il te doit sa chaleur, qui est source de vie.

Jeanne
1970

samedi 11 janvier 2014

Toi... et les autres

Humain blond, brun, blanc, noir, asiatique ou indien,
Tu as un même corps et un même destin.
Tu passes par la vie et passes par la mort...
Après Dieu seul sait où ton âme s'évapore...

Mais cette âme, humain, montre mieux qu'elle existe
Quand parmi tes semblables tu combats pour vivre,
Pour rien au monde ne te montre raciste.
C'est le même combat auquel chacun se livre.

Nul n'est à ce niveau différent du voisin.
Chaque humain peut choisir d'aimer ou de haïr
Celui-là qui n'a pas même peau que les siens.
Chaque humain peut choisir d'approcher ou de fuir...

...Ce prochain qui est loin et n'est pas son cousin.
Et de ton âme, Blanc, dépend ce précieux choix,
Tu aimes et ta mère et ton père et ton chien
Ton enfant et toi-même, mais ni Noir, ni Chinois.

Pourquoi donc ton amour n'irait-il pas plus loin,
Au-delà des familles, au-delà des frontières
Au-delà du désir, au-delà du besoin?
Pourquoi ne serais-tu pas de ces autres fier?

De ceux-là qui n'ont rien de comparable à toi
Que le cœur et que l'âme, puisqu'ils vivent très loin
De toi, de tes coutumes, tes tabous et tes lois.
Respecte-les ceux-là qui ne sont pas tes chiens...

Et qui sont des Humains... comme toi!

Jeanne
Fin juillet 1971  



Je te quitte Amour

Poème écrit à l'aube de mes 27 ans...

Adieu beaux souvenirs qui font si mal,
Joli passé adieu car je m'en vais
Vers un autre demain aussi fatal
Mais je pars, ami, le cœur au regret.

Ne me permets pas de me retourner,
Montre-moi la voie devant moi tracée,
Arrache à mon cœur cet amour passé,
Apporte à ma vie l'espoir insensé.

Je glisse et m'enlise en un sable chaud
Nid de mon bonheur, beau temps révolu.
J'ai peine à voler vers des jours nouveaux
Où cette aventure aura son issue.

Est-ce une aventure, après tout, pour lui,
Un petit roman sans grande importance,
Chose qui se raie, chose qui s'oublie,
Petit rien en somme en une existence?

Adieu, c'est fini, il y a la VIE
Qui s'offre à moi toute avec ses surprises,
Avec ses plaisirs, ses espoirs aussi
Sur fond de ciel bleu quand l'amour nous grise...

Jeanne
1972




Monique, amie-fleur, amie soleil

Poésie écrite en 1983 à l'occasion de l'anniversaire d'une amie de ma chorale souffrant d'une maladie qui l'affaiblissait.

Comme une jolie fleur
Tes yeux bleus sous tes cils
S'ouvrent grands sur ton cœur.
Ils nous offrent le ciel
Avec sa pureté,
On y voit le soleil
Des plus beaux jours d'été.

Je sais bien ton courage
Et ta ténacité
Je sais aussi, ô rage,
Ce qu'il faut supporter
Quand on a, comme toi,
Beaucoup à affronter
Chaque jour sous son toit,
Hiver, printemps, été,
Automne. Et je sais bien
À quel point tu es forte.
Moi j'ai tissé des liens
Avec toi d'amitié
Qu'en ce beau jour de liesse
Mon cœur veut t'apporter.

Tu es née comme moi
Un vingt-trois de juillet.
Tu es tout comme moi,
Et je le reconnais,
Une enfant du soleil,
Une enfant qui renaît
Chaque nouvel été
Aux rayons que Dieu fait,
À la douce chaleur
D'une saison si belle.
Et le parfum des fleurs,
Car tu es l'une d'elles,
Enchante tes narines.
Le don de leurs couleurs,
Délicates et fines,
Ranime ton ardeur.

Et tu mets à profit
Tes talents artistiques,
Relevant des défis
Devant ta céramique.
Tu crées alors des formes,
Harmonie et beauté.
C'est un travail énorme,
Sois-en félicitée!

Monique, l'amie-fleur,
L'amie pleine d'amour,
Toi l'amie au grand cœur
Tous mes vœux vont vers toi!
Que toute ma chaleur
Dirigée vers ton « Toi »
Réchauffe bien ton cœur
Et ton corps, s'il a froid!

Jeanne
Juillet 1983


   

jeudi 9 janvier 2014

Au Boeing 747, aux hôtesses et stewards, pour ma plus belle traversée (remis aux hôtesses à ma descente de l'avion)

Gros et bel oiseau d'acier,
Tes lourdes ailes planent au plafond du ciel d'azur...
Et tu fais planer mon cœur et tu fais planer mon âme...
Arrachés à la terre,
nous voguons, défiant la pesanteur
par le miracle de ton architecture.
Puis le ciel est d'un bleu d'encre,
Rien n'apparaît sur tes hublots étroits.
Il nous semble être dans un immense autocar,
super luxueux, dans lequel chacun
possède la meilleure place.
Entourés d'attentions, de sourires,
de l'incommensurable patience de ces anges du ciel
que sont les hôtesses, nous oublions
que le danger est partout toujours présent
puisqu'il suffirait de presque rien
pour que le charme soit rompu...

Je suis comme retirée du monde,
L'espace s'est interposé entre notre terre et nous.
Dans ce ciel qui contient tant de rêves,
dans ce ciel qu'habitent superstitions et croyances
des peuples du monde entier
vole le Progrès qui lui ne craint rien.
Il brave les lois de la nature qui semblaient 
les plus invulnérables,
il montre son audace...
Et pourtant, pour moi, prendre l'avion n'est pas 
constater le progrès. C'est plutôt
vivre une aventure inoubliable, puisque chaque fois
me paraît être la première.
Je suis chaque fois étonnée de ne pas éprouver
la moindre peur et de demeurer aussi insouciante.
Peut-être est-ce parce qu'en avion je me rapproche
du monde où mon imagination m'emporte si souvent...

Avion, si tu étais vaisseau spatial
peut-être me sentirais-je chez moi tout autant.
Mon domaine est dans les nuages, très loin de la fumée
des cheminées d'usine, très loin de la réalité.
S'il existait un génie de l'Espace, je frotterais à la hâte
ma lampe merveilleuse d'Aladin et je dirais  au divin génie :
« Emporte-moi loin de la Terre, dans un monde où il n'y 
aurait qu'Amour et Beauté, un monde où nul ne tenterait de combattre la belle Nature, où vivre serait une chose 
sacrée, belle et enviable... »
Avion, je te remercie de m'avoir accueillie.
Hôtesses et stewards, mon regard admirateur se change 
en sourire plein de gratitude devant le voyage que 
je viens de faire, puisque grâce à vous j'ai donné libre cours
à mon imagination et écrit ces réflexions 
et que vous m'avez permis de garder de ce voyage
un souvenir impérissable...

Jeanne
1971 



De vie nette...

On y entre
Et puis
Il faut bien qu'on s'y débrouille...

Comme ça, elle est venue en toi,
En moi, en tous les autres.
Pourquoi? Pourquoi en moi?

On n'en est d'abord pas conscient,
On « survit »... Tout est fait pour
Qu'elle passe inaperçue,
Pour un temps.

Puis soudain on s'en rend compte
Parce qu'on a commencé à agir...
On cherche alors à comprendre,

On apprend à s'attacher, à aimer.
On pleure parce qu'on a de la peine,
On souffre parfois un peu...

Commence enfin son histoire! Dure, triste?
Oui, peut-être... Mais comme elle est belle
Cette présence dont tout le monde parle
Mais que nul n'a jamais vue...
Si ce n'est lorsqu'on la perd, de loin... et puis
De si près... qu'on ne sait,
                   qu'on ne fait,
                   qu'on n'entend, qu'on ne voit,
                   qu'on ne sent...
Plus rien
Que le grand « RIEN »!

Ah toi douce VIE!!!...

Jeanne
1972 

Vagues de réminiscence

Les beaux traits des fiers Haïtiens
Au clair de lune s'estompaient
Puis un à un nous envoûtaient
Sous les manguiers, tu te souviens?

Te souviens-tu des fleurs sauvages,
Des heures passées à goûter
En nos deux corps ressuscités
Cette douce vie de passage...

Peux-tu encor' voir chaque jour
Nous permettre de nous entendre,
Construire entre nos âmes tendres
Un délicieux pont d'amour,

De cet amour-amitié
Solide, à l'épreuve du temps
L'épreuve de l'éloignement,
Allergique à l'hostilité...

Haïti n'en revenait pas
De nous voir toutes deux danser
Et sur la piste évoluer...
Le soleil riait aux éclats!

Adieu Françoise, je songe
Aux jours d'Haïti souvent.
Pour toi est-il éprouvant 
Ce temps que l'attente allonge?

Jeanne
1972


samedi 4 janvier 2014

Mots sans maux...

Tu reviens, ton sourire
Renaît pour moi.
Tu es là, laissons fuir
Le désarroi.

«  Si de brusques élans… »
C’était de Toi…
« Ton amant le printemps… »
Toujours de Toi…

«  Et à trois à présent… »
Encore de Toi…
«  Notre bonheur  », Amant,
De Toi, de Toi...
«  S’éveille… »…
S’éveillera-t-il, dis-moi!

J’écris en ce moment
N’importe quoi
Pour dire simplement
« Je pense à Toi. »

Et ne prends pas cela
Pour de l’espoir.
Me suffit d’être là
Et de te voir…

De passion je n’ai plus,
Tu le sais bien,
Simplement je t’ai vu,
Je me sens bien.  

Jeanne

1974