dimanche 1 décembre 2013

Blanc tableau...

Le sol est tout matelassé,
Capitonné, bien rebondi,
Revêtu de son blanc tapis
Qui, peu à peu, se fait épais.

Il a neigé toute la nuit

Durant notre sommeil tranquille.
Les flocons sont tombés sans bruit
Couvrant chaque rue de la ville.

Le ciel gris fond et se confond

Avec la blancheur de la neige,
Nos yeux avec peine se font
À l'opaque clarté. Que sais-je?

Ils ne voient plus qu'un écran blanc

Que la tempête est venue tendre
Entre la Nature et les gens...
Aujourd'hui il nous faut attendre

Au chaud dans le creux des maisons,

Attendre que le doux bruit sourd
Des cristaux cesse. Il fait bon...
Le temps lentement suit son cours.

Jeanne

1969

Lueur d'espoir...

Poème que j'ai écrit à l'aube de mes 26 ans

Il est mort Duvalier, son âme l'a quitté,
Son âme si souillée. Son corps ne pourra plus
Agir cruellement. Il est mort Duvalier
Haïti ne peut pas pleurer ce disparu!

Haïti a souffert durant quatorze années

Sans pouvoir essayer jamais de s'en défendre.
Haïti est blessée, cette île de beauté,
Blessée dans son doux flanc tiède, bel et tendre.

Mais le sang va couler et les justiciers

De ceux qui ont souffert de cette tyrannie
Ne sauront hésiter à courir se venger
De toutes les horreurs qu'ils ont eux tous subies.

Ils ont vu leurs parents, leurs enfants, leurs amis,

Les amis des amis périr sous la mitraille
Après avoir été terrorisés, trahis,
Malheureuses victimes de quelques représailles...

Leurs mains et leurs regards clamaient leur innocence,

Papa Doc n'a pourtant jamais eu de pitié.
Les autres étouffaient devant leur impuissance,
Mais le Doc continuait de les terroriser.

Il est mort Duvalier, mais ce n'est pas fini.

D'autres ont pour mission de ne pas désarmer
Malgré la présence de tous leur ennemis.
Il est mort, à présent défends-toi, Haïti!!

Jeanne

1971




À Françoise, amitié...

Toi ton mystère,
l'angoisse qui te désespère...

Toi ta peau claire
tes épais cheveux et ton air...

Toi ta silhouette
harmonieuse, menue, discrète...

Toi tes mains frêles
d'oiseaux captifs sont les ailes...

Toi ton chagrin
qui souvent s'agrippe à ma main...

Toi tes désirs
l'attrait de captivants plaisirs...

Toi l'innocence
fraîche pureté de l'enfance...

Toi ta jeunesse
heureux vingt ans, heureuse ivresse...

Toi tes promesses...
toi l'avenir.


Toi... souvenir!

Jeanne
1972

samedi 30 novembre 2013

Par la croisée...

Douillettement lovée dans mon petit logis,
Qui abrite pensées, trésors, joies et tristesse
M’appartenant, je laisse opérer la magie
Des formes esquissées par les rayons qui naissent…

Ô, beau matin, par la croisée entre chez moi!
Je te livre sans hésiter, de mon abri,
Mes grands secrets et puis mes troubles, mon émoi,
Mes faiblesses cachées, l’espoir que je nourris…

Viens effleurer tout doucement mes joues, mes yeux,
Viens vite te glisser tout au fond de mon cœur
Pour m’éclairer toutes les fois, et plus et mieux
Dans ce que je perçois de ce monde extérieur.

Car encore imprégnés de la fraîcheur nouvelle
De la croisée, mes yeux pourront scruter l’envers
De cet endroit, et ainsi tournés vers le ciel
Embrasseront d’un seul regard tout l’univers!

Jeanne
Le 5 décembre 1999



Plus que de l'amour...

Rien ne peut être au monde comparable à toi
Comparable à l’amour que tu fis naître en moi
Rien ici ne t’atteint dans ta grandeur immense
Rien ni personne ne peut remplacer ta présence.

J’ai essayé de t’oublier, de te haïr,
De détruire à mes yeux ton Toi, de te maudire.
J’ai cherché des raisons de toujours t’en vouloir…
Vois, l’amour le plus fort se change en désespoir…

Je ne peux pas te voir avec indifférence.
La haine est de l’amour l’horrible conséquence
Lorsque le désespoir est tout ce qu’il nous reste…
Je me suis dit qu’il fallait que je te déteste…

Te détester te prouve encore combien je t’aime.
Mon cœur bat fort en te voyant, toujours le même,
Et quand je fais ton numéro de téléphone
Je tremble encore d’émotion, Dieu me pardonne!

Je pense à toi toujours et toujours plus je t’aime
Car plus les choses changent, plus elles sont les mêmes.
Et ta noble présence demeure en mon cœur
Où il ne reste plus trace de ma rancœur,

Et tu sais à quel point ton sourire me désarme...
Je crois bien que pour toi il existe en mon âme
Plus que de l’amitié et plus que de l’amour,
C’est un lien bien plus fort qui durera toujours.

Jeanne

1983

Souvenirs imparfaits…

Ma mémoire recrée
Les divins souvenirs
D’un temps que j’ai aimé
Associé au plaisir…

Haïti, toi, ton rythme
Haïti, ton soleil,
Haïti, tu m’animes
Avec tes merveilles…

Souvenirs si vivants :
Port-au-Prince, Pétionville…
J’y suis restée un an
Avec ma p’tit’ famille…

Mais la terre a tremblé
Et en très peu de temps
Tout était balayé!!…
La vie a foutu l’camp…
  
Haïti, toi, ton rythme
Haïti, ton soleil,
Haïti, tu m’animes
Avec tes merveilles…

Et plus rien n’est pareil…
La joie s’est faite peine.
Mes souv’nirs se réveillent
Mais ma mémoire est vaine…

Mais ma mémoire est peine…
Et mon cœur se défait
Devant cette déveine…
Souvenirs imparfaits…

Haïti, toi, ton rythme
Haïti, ton soleil,
Haïti, tu m’animes
Avec tes merveilles…

Ô Haïti, 
Je t'aime!

Jeanne
Août 2013




vendredi 29 novembre 2013

Toi Hiver...

Hiver tu nous pénètres de ton froid glacial,
Tu entres dans nos vies en nous gelant le cœur,
Tu nous pinces les doigts, cruel, et tues nos fleurs,
Tu es le meurtrier de l’Été, ton rival!

Tu nous fais rechercher la chaleur du foyer,
Réunis les amants qui, fuyant la froidure,
Tentent de conjuguer leurs deux températures
Pour atteindre, amoureux, des sommets ignorés.

Tu nous fis inventer le manteau de fourrure,
Les moufles, les écharpes, les passe-montagnes,
Les joyeux feux de bois dont la chaleur nous gagne,
Éblouis que nous sommes par ses flammes pures.

Mais nul ne veut laisser pour toi sa porte ouverte
Et nul ne veut de toi au sein de sa maison.
Nul ne voit qu’après tout c’est toi qui nous fis don
De cette intimité soudain redécouverte.

Nul ne sait apprécier tes Noëls enneigés.
Nul ne te remercie de pouvoir porter bottes
Ni d’offrir aux enfants, dans ton énorme hotte,
Les présents espérés durant toute une année.

Moi-même qui t’écris toutes ces vérités,
Je ne puis me vanter de bénir ton retour.
Je suis, comme les autres, déçue par ces jours
Où la Nature est obligée de se cacher…


Jeanne
1971

lundi 18 novembre 2013

Vivre...

Réflexions de la jeune femme de 27 ans que j'étais...

Chaque instant de la vie nous est donné pour vivre, pour brûler le présent, le prendre tout entier, l'engloutir, l'enfouir dans notre existence. Un présent qui sera un passé riche et complet. Puis nous envisagerons un avenir semblable, ou meilleur puisque riche de notre expérience. 


Notre présent nous est offert plein de possibilités. À nous d’œuvrer pour qu'il devienne un beau souvenir et de le prolonger dans l'avenir... 


Ô vie, belle vie, douce vie,

Je veux m'emplir de toi toute
Et te boire et te respirer
Et de mes pores t'absorber,
t'absorber...

Ô vie, belle vie, douce vie,

Apporte-moi avant ma fin
Le bonheur sublime et suprême
Dont chacun de nous ici rêve,
avant d'aller...

Vie humaine, vie de femme,

Vie d'amour et vie de haine,
Vie qui me combles et me peines,
Aide-moi avant que ma flamme 
ne s'éteigne...

Vie éternelle en mon âme,

Nourris mon corps et mon cœur
Avant qu'un jour ils ne meurent.
Vie de l'esprit je vis un drame,
aide-moi...

Jeanne 

1972   

dimanche 17 novembre 2013

Nos jours

Précieuses gouttes de ce nectar de la vie
Dans leur flacon plein de détours et de méandres
Se pressent tous nos jours avant de se répandre 
En flaques de peine et d'amour, ô mon ami.

Parfois aussi, comme la neige de l'hiver

Au flanc des coteaux d'une montagne ils dévalent
Pentes vertigineuses, descentes fatales
En avalanches d'élans tendres ou d'éclairs.

Parfois encore en lourdes vagues bouillonnantes

Ils déferlent en gerbes d'argent dans les flots
Comme en océan grondeur. Puis noyés dans l'eau
Des souvenirs, notre mémoire ils alimentent,

Préparent l'avenir. Toi, amour et ami,

Prends mes jours dans tes mains, prends ma vie dans la tienne.
Que nos instants fondus ensemble s'appartiennent
Et s'écoulent en perles de joie dans nos vies!

Jeanne

1980

samedi 16 novembre 2013

Poème sans nom

Qu’est-ce que l’on peut donner de mieux que son amour
L’amour des autres, l’amour de la vie?

Vibrer de tout son être
Devant un paysage
Éprouver l’émotion
Au doux chant d’un oiseau
S’émerveiller à la vue d’une fleur
Et partager sa joie 
Avec les autres.
C’est cela aimer
Et c’est cela comprendre.

Être entourés de la nature
Qui nous accueille
Branches d’arbres ouvertes
Un peu comme des bras
Tendus et bienveillants,
Humer l’air frais
d’un matin de Printemps,
Voilà autant de choses
Qui font que je veux vivre!

N’est-ce pas un beau jour
Que celui que je vis
Que je vis chaque jour?

Une aube qui m’apporte
Des pensées pleines d’amour
Un midi qui me conduit
Vers mes amis
Un soir vêtu de rêves
Au seuil du sommeil…
Qu’est-ce que je peux demander à la vie
Sinon tout ce que j’ai,
Si je peux le garder…

Et pour ce faire, encore, je crois qu’il faut donner
Donner autant qu’il est possible
Et donner de son temps
Un peu comme on respire
Et donner de l’amour
Comme on donne un sourire.

Jeanne
Juillet 1981

jeudi 14 novembre 2013

Haïti...

Un ami haïtien m'a un jour renvoyé ces phrases que je lui avais écrites.

Dis-moi si le ciel et la mer confondent toujours leurs tons de joie et de sérénité à l'heure où le soleil est suspendu au-dessus de nos têtes... Dis-moi si l'eau est toujours verte lorsque la pluie se déverse à flots à la saison où la nature se nourrit d'humidité et où tout est soulagement, où les bouches s'entrouvrent pour laisser pénétrer les précieuses gouttes d'une eau qui ramène à la vie, pour que les lèvres desséchées recouvrent leur souplesse...

Jeanne

Printemps 1972

Nos petits et nous

Le bruit, je ne l'aime pas
Alors je dis : " Non, chérie..."
Je suis pressée, je n'ai pas
Le cœur aux gamineries...

Quand la chambre est mal rangée

Je sens monter la colère...
Elle ne veut pas manger :
Voilà que je désespère...

Quelques notes sont moins bonnes,

Je me sens toute attristée...
L'enfant, elle, s'en étonne,
Elle a pourtant travaillé...

Aujourd'hui mon enfant boude

Et la chambre est son abri.
Je pousse Papa du coude :
" Embrassons-la, je t'en prie! "

Voilà quelques petits riens,

Des petits riens pour les grands.
Voilà quelques petits riens,
Des drames pour les enfants...

À Isabelle

Maman
1975

lundi 11 novembre 2013

Ballade au temps qui jamais ne revient...

Poème de mes jeunes années

Serait-ce pour t'aimer que j'aurais tant vécu
Géant dont l'ombre encor' me suit?
Serait-ce pour t'aimer que je serais venue
Vivre trois mois du temps qui fuit?

Tes étreintes, tes mots, tes regards, tes baisers

Avec toi ne sont point allés.
Je les tiens dans mes bras, dans mon cœur apaisé,
Nul ne saura les égaler.

Ouragan tu étais, ouragan tu seras,

Et ma vie tu as bousculée...
Tu passes comme un trait, un jour tu chuteras,
À toi enfin de reculer.

Tu songeras peut-être à l'amour infini

Qu'une femme un jour t'a donné,
Et tu regretteras que ce temps ait fini,
Souhaitant qu'elle t'ait pardonné...

Tu sais bien qu'une fin est une fin en soi

Même si vit le souvenir,
Et tu sais qu'il y eut une dernière fois
Interdisant le revenir...

...Et les dernières fois

Ne se refont jamais :
On ne meurt pas deux fois...
Si j'ai vécu se dit
Avant le jour dernier,
Même si c'est fini
Et si je vis encore,
Je peux dire j'ai aimé...

Jeanne

1972 





jeudi 7 novembre 2013

Un passage de mon livre...

De Paris à Saint-Jean-des-Ollières

Je découvris la palette des tons nuancés du pays maternel, les couleurs que j’avais perçues au fond du regard tendre de ma mère. Paris s’offrit à moi à travers la grisaille des trottoirs des grands boulevards que je parcourais la main logée dans la sienne. Je humais l’air pour m’enivrer des odeurs qui y flottaient : la saveur douce et caramélisée des pralines aux étalages des marchands ambulants, et le parfum de fourrure, subtil et envoûtant, qui venait chatouiller les narines, incitant les passants à pousser la porte de la boutique voisine.

Mon père nous emmenait au café Le Brébant (jumelé à notre hôtel, Le Brébant Beau séjour) pour y prendre son demi habituel. C’est au son du juke-box que je fis mes premiers pas de danse à l’âge de 3 ans et demie. La samba, musique endiablée s’il en est, m’emportait déjà dans une frénésie presque incontrôlable, phénomène qui m’a depuis accompagnée à travers les années et jusqu’à aujourd’hui. Tant qu’il me restera un atome de vie, je sentirai au fond de moi les battements de la mesure à l’image de ceux du cœur humain. Éternel recommencement, pareil à celui des journées, des saisons, des années, ce rythme lancinant évoque aussi le retour régulier des semailles et de la récolte. Ou peut-être aussi le grand commencement et la grande fin… Nous vivons et vibrons tous au rythme de l’horloge du temps, universellement soumis au grand Maître du monde, dans l’éternité…

L’hiver arriva avec ses marrons chauds dont le parfum d’écale grillée restait suspendu dans la fraîcheur du vent. En fermant les yeux, je revois aujourd’hui encore les bouches de métro, pareilles à des ouïes géantes, crachant un air chaud chargé des étincelles jaillies des rails, sous la pression brutale des roues. Sur l’asphalte de ces boulevards, mes petits pieds ont laissé leur empreinte, effacée depuis par l’œuvre du temps. J’ai gardé le souvenir étrange de ces séances de marche rapide (avec une maman sportive…) où je réussissais à adopter le rythme régulier et énergique de ma mère. Il m’arrivait de m’endormir sans que cela empêchât mes jambes de poursuivre leur mouvement machinal… Les passants, scandalisés par ce spectacle révoltant, proféraient alors des paroles de reproche à l’intention de ma coupable mère, qui n’en perdait pas pour autant son superbe aplomb. Car, estimait-elle, il est bon de faire, le plus souvent possible, d’une pierre deux coups!



Nous habitions à quatre une chambre d’hôtel exiguë et inconfortable, boulevard Poissonnières. Une cuisine avait été improvisée dans la salle de bains-W.C. Combinaison plutôt incompatible… C’est là que je passais, docile, le plus clair de mon temps en compagnie de ma mère qui s’affairait dans l’art de concocter des mets délicieux embaumant l’appartement, ou de confectionner, à l’aide de chutes de fourrure acquises à la boutique du boulevard, d’élégants manteaux, chapeaux et manchons, ou, dans des morceaux de tissu frais et léger, robes et salopettes dignes des grands couturiers… lorsqu’elle ne tricotait pas des gilets ou des bonnets fort seyants. Il m’arrivait souvent de marcher sur la pointe des pieds pour aller replacer le sel dans notre petit buffet (rapporté d’Algérie) se dressant entre les deux lits de l’unique chambre, que je revois les volets clos de jour comme de nuit. Une primo-infection y gardait ma sœur alitée. Malgré mon très jeune âge, je m’efforçais de demeurer silencieuse pour lui permettre de s’assurer des heures de sommeil qui la mèneraient, à coup sûr, vers la guérison. Et pour mettre toutes les chances de son côté, ma mère, toujours attentive, avait réussi à nous éloigner de ce taudis malsain pour nous offrir l’air de la montagne, particulièrement bénéfique pour une enfant atteinte des premiers signes de la tuberculose. Contrairement à ce qu’auraient fait la plupart des mères, elle a refusé de l'envoyer au sanatorium où ma sœur aurait vécu loin de la famille. Nous nous retrouvâmes bientôt toutes les trois à Saint-Jean-des-Ollières, un petit village pittoresque, retiré, du Massif Central. Mon père, officier de l’armée de l’air, était, à l’époque, retenu à la base militaire de Villacoublay. Il ne fut donc pas des nôtres, à notre grand regret. Ses visites, aussi rares fussent-elles, illuminèrent cependant notre séjour au grand air d’une joie sans pareille…

Jeanne
Années 1990

lundi 4 novembre 2013

Laisse-moi t'aimer...

Laisse-moi t'aimer
tendrement,
avec mon cœur, avec mes gestes,
avec ma façon de donner,
avec parfois de la tristesse,
avec beaucoup d'humilité,
avec… avec…
Laisse-moi t'aimer.

Laisse-moi t'aimer avec
douceur,
avec mes lèvres sur tes joues,
et sur ta bouche
et sur ton cou,
avec ma main dans tes cheveux,
t'aimer avec délicatesse.
Laisse-moi t'aimer,
t'aimer…
un peu!

Laisse-moi t'aimer
ardemment,
avec mes yeux, avec mes mains,
avec mon corps, avec ma peau,
laisse-moi t'aimer avec mes mots,
avec toujours beaucoup d'ivresse,
de passion et de caresses,
laisse-moi t'aimer,
laisse-moi t'aimer!

Laisse-toi aimer…
prends ce bonheur à bras le corps
et plein le cœur,
et si je peux voir en tes yeux
briller un feu,
un feu de joie
ou de plaisir
un feu d'amour
ou de désir,
mon cœur alors, fou, se promène
au paradis…

Laisse-moi t'aimer comme je t'aime
ô toi qui sais remplir ma vie!

Jeanne
1982

dimanche 3 novembre 2013

Chaîne d'amour...

L'Amour unit dans l'éternité
tous ceux qui, sur la terre,
ont su aimer...

Mon être a absorbé, absorbé

Le doux nectar de nos amours passées.
Mon être demeure imprégné, imprégné
De ces instants qui nous ont rassemblés.

Éros a oublié, oublié

Dans mon cœur tendre la flèche plantée.
Éros s'en est allé, oui, allé
En me laissant le souvenir d' "aimer ".

Nous avons partagé, partagé

Joie de vivre, rires et complicité.
Nous avons mélangé, mélangé
Nos corps, nos larmes et nos libertés.

Tout change en ce monde, reste l'éternité...


Avoir aimé à en crever, à en mourir,

Avoir pleuré de bonheur et souffert à en rire
C'est avoir rejoint, hors du temps,
tous ceux qui, sur cette terre,
ont su aimer...

Jeanne

1996


Let's be friends...

Quand l'amour a fui
Quand l'amour n'est plus
L'on devient amis,
L'on ne se bat plus.

Je t'offre la paix,

Dis-moi la veux-tu?
Je t'offre à l'été 
D'oublier, peux-tu?

Ta main dans la mienne 

Enfin revenue
Pour qu'amour devienne
Amitié, et plus...

Ta main dans la mienne 

M'apprend qu'après tout
Oublier ma peine
Arrangera tout...

Jeanne

1972

La fin

La mort est ce regard qui nous fixe dans l'ombre
Et qui guette l'instant favorable à sa faux.
Elle emboîte nos pas, décèle nos défauts,
Nos travers dont jamais elle n'oublie le nombre.

Si nous n'y songeons point parfois si la confiance

Vient apaiser nos cœurs, les gonfle de quiétude
Elle, pas un instant dans sa sollicitude
Ne voudra nous laisser nous bercer d'insouciance,

Car jalouse du moindre moment de bonheur,

On dirait qu'elle est là pour pouvoir à son aise
Mettre fin à nos jours sans que cela nous plaise
À l'heure où tant d'espoir régnait en notre cœur.

Qu'elle soit mort subite ou lente ou naturelle

Jamais son nom damné ne s'entend prononcer
Sans un frémissement, ni sans le cœur glacé.
Sans aucun doute, il n'est parole plus... mortelle...

Jeanne

1980

Fantaisie sur la liberté

Tel un chemin
Qui se change en mirage
Dans le lointain,
Toi, liberté,
Tu t’esquisses soudain
Devant nos yeux
Pour t’enfuir
un matin,

Liberté,

Toi, la grande
Toi notre idéal
Toi que l’on bénit tant
Pour soi-même
Tu nous pousses
À te dérober
Aux autres
À ceux qu’on aime

Liberté.

Tu voisines souvent
Trop mal avec amour
Toi, cette ambiguïté
Des relations humaines...

Moi libre d’être aimée
Je suis libre d’aimer
Libre de rendre libre
Et libre d’être libre…
Mais il faut donc toujours
Nier la liberté…
Par un mot possessif
Ou par « ma » liberté?

Liberté,

Moi je t’aime
Comme on aime
Être aimé...
Puisse le temps
Un peu m’aider
À célébrer ton mariage
Avec la générosité!

Amie, tu vois,
La liberté
C’est un peu comme
Un vêtement
Trop grand
Pour moi.

Et je te souhaite
À toi 
De la vêtir
Avec sagesse
Oui, c’est un bien,
Une richesse
La raison de
Notre existence…

Car pourquoi 
faut-il 
que l’on naisse?

Jeanne
1983

Mon monde à moi

J'ai un coin que j'aime plus que le réel, plus encore que le monde environnant, j'ai un coin à l'abri des coups du sort, à l'abri du malheur, à l'abri de la mort, j'ai un coin immuable qui n'appartient qu'à moi. Un coin où je peux à ma guise convier tous ceux que j'aime comme lui. Ce coin sacré, c'est le monde de mes pensées que je traduis en mots sentis pour ceux que j'aime : mes lettres, mes poèmes...

" Venez, entrez, tous ceux que j'aime! Venez partager mon séjour. Ici, il n'y a qu'amour et amitié, la nature y est partout belle, intouchée, le sourire est sur toutes les lèvres, la bonté se lit dans tous les regards qui se repaissent d'un spectacle toujours beau. Sur ma terre d'amour, tout est à profusion. Mais vous que je ne connais pas ou que mon cœur ne sait pas qu'il aime, pénétrez vous aussi dans mon domaine, car il est ouvert à TOUS."


Jeanne

1972

samedi 2 novembre 2013

Passe le temps

Passe le temps
S'entassent les ans
Se lassent les gens

Viennent les rides

Et les cœurs se vident
Ô joies insipides...

Deux fois vingt-ans

Deux fois moins de temps
Deux fois plus prudent

Aime en secret 

Celle qui te hait...
...Et n'avoue jamais.

Jeanne

1973


vendredi 1 novembre 2013

Contact

Par la force de ma pensée,
Qui emprunte à l’oiseau ses ailes
Pour t’apporter de mes nouvelles
Et vient près de toi se poser,

Je me glisse dans ton logis,
Le nid, le refuge, le gîte,
Le toit sous lequel tu abrites
Le royaume que tu régis…

J’entre en ton domaine sacré
Par la voie de la poésie
Qui, tu le sais, est mon amie
Je lui dévoile mes secrets…

Mère, qui songes en ton gîte,
Entends mes rêves, mes espoirs,
Fais pénétrer en ta mémoire
Le miel des pensées qui m’habitent.

Ouvre tes bras, ouvre ton cœur
Et, aidée de ton indulgence,
Accueille la tendre présence
De ce poème voyageur.



Jeanne
1978

jeudi 31 octobre 2013

Plus rien ne sort plus de moi-même...

Peut-être ai-je déjà
Dans mes quelques écrits
Dit tout ce qui en moi
Brûlait comme ma vie

Plus rien ne sort plus de moi-même...


Peut-être que mon être

En dépit de mon âge
Tels les buissons champêtre
A perdu son feuillage

Plus rien ne sort plus de moi-même...


Peut-être que mon souffle

S'est déjà trop donné
Dans les bras chauds et souples
De quelque bien-aimé

Plus rien ne sort plus de moi-même...


Peut-être que ma joie

Trop forte et trop profonde
Jaillissant de mon moi
S'offrit toute à ce monde

Plus rien ne sort plus de moi-même...


Peut-être que l'espoir 

Qui vécut en mon âme
Est mort de désespoir
Dirai-je a " rendu l'âme "...

Plus rien ne sort plus de moi-même...


Toi qui me sus hier

Toi compagne et amie
Que vois-tu à travers 
Ma carcasse ennemie?

Plus RIEN ne sort plus de moi-même...


Jeanne

1974



À mon père

Depuis que mes grands yeux ont enfin sur le monde
Su lever leurs paupières afin de voir le jour
J'ai cueilli dans tes bras plus d'un bouquet d'amour
Que tu sus dispenser chaque jour à la ronde.

Ma main d'enfant toujours se logea dans la tienne,

Pour y puiser la joie, la force et la chaleur,
Pour y glisser aussi un peu de ma candeur 
Et nous communiquions ainsi sans nulle peine.

Depuis que mes grands yeux ont enfin sur le monde

Su lever leurs paupières afin de voir le jour
J'ai cueilli dans tes bras plus d'un bouquet d'amour
Moi qui là sur ton cœur posais ma tête blonde.

Mais le temps estompa tout doucement tes forces

Sans aucune pitié, il te fit cet affront.
Des rides lézardèrent peu à peu ton front
Et l'arbre que tu fus en perdit son écorce.

À ce point dépouillé de tes nobles atours,

Toi mon père si fier, si beau, si volontaire,
Tu as laissé ton corps retourner à la terre
Dont il vient. Tu y gis, de pensées je t'entoure... 

Jeanne

1974

lundi 28 octobre 2013

Leçon de vie

Ai-je grandi assez pour pouvoir dire enfin :
Je sais ce qui est beau, je sais ce qui est bon,
Je sais ce qui est droit, je sais ce qui est bien?
Ai-je assez de bon sens, ai-je assez de raison?

Je voudrais à la fois être jeune et savoir.

J'aimerais côtoyer de près la Vérité,
La Sagesse et le Bien et je voudrais pouvoir.
Mais qu'est-ce donc tout cela sinon témérité?

Je dois suivre un chemin, celui que suit chacun,

Ni plus rapidement, ni plus facilement.
C'est l'ordre de la vie qui ne tolère aucun
Changement s'opposant au premier règlement...

Sur ce chemin, j'ai rencontré un autre humain,

Mes yeux ouverts d'aveugle s'ouvrirent enfin
Sur une autre clarté, sur un autre demain.
La route redevint plus douce vers sa fin.

Je vais ainsi sans me presser vers mon destin

Accomplir, je le crois, plus que je ne l'ai fait.
Même si quelquefois reparaît l'incertain,
L'aide qu'on m'apporta connaîtra ses effets.

Jeanne

1976

J'aime ceux qui comme moi...

Vers toi, vers eux
Ma main se tend, amicale.
Je fais don du meilleur de moi-même.

Toi, étranger, qui passes auprès de moi

et qui ne me vois pas, toi je t'aime comme j'aime tous les êtres au monde. Et je ne te connais pas, et je ne les connais pas! J'aime ceux qui, comme moi, remplissent leurs poumons de l'air qui les fait vivre, tous ceux qui, comme moi, ont découvert un morceau du monde au sortir du sein maternel. J'aime ceux qui, comme moi, respirent sur cette boule que le temps fait tourner trop vite. J'aime ceux qui, comme moi, ont appris à grandir et à vieillir, ceux qui connaissent et acceptent l'absurdité de la vie. Qui savent que naissance et croissance ne sont là que pour nous faire mieux affronter les années de vieillesse dont la mort est l'issue...

Puisque nous avons tous un même commencement et une même fin, ne devrions-nous pas nous soutenir, nous aider, nous aimer...? Ne devrions-nous pas essayer d'être heureux ensemble (ou même peut-être malheureux, mais ensemble...). Mais voilà, partout règne l'indifférence! Et comment considérons-nous l'autre vraiment? Nous l'ignorons et lui tournons le dos! 


Que l'Amour enfin règne!


Jeanne

1972

dimanche 27 octobre 2013

Précipitations

Pluie, pluie, les gouttes se précipitent comme les battements d'un cœur exalté. Le sol mouillé subit des ondulations horizontales qui lui donnent soudain l'apparence d'un lac immense. Pluie qui coule sans cesse depuis l'aube, timide clarté, jusqu'à l'heure où trop las le soleil descend vers sa couche pour céder la place à sa compagne nocturne, la lune.

Pluie, le ciel s'écoule sur la ville. D'où vient toute cette eau qui inonde la terre et nous pénètre de son humidité? Gris là-haut, gris ici, gris partout, partout triste. C'est le chagrin du ciel qui s'exprime aujourd'hui, et sa voix dans le vent, plaintive nous parvient, faible musique lancinante. Pluie, vent, vent frémissant, vent...


La ville est eau, la ville sanglote et frissonne. J'entends pleurer le vent, sourde complainte qui s'élève dans les cieux sombres. Que dire de mon âme en ce jour de cendre? Je sens en moi descendre les peines de là-haut. Mon âme sombre à demi. Un unique rayon de soleil dissimulé au fond de mon cœur l'empêche de se laisser engloutir par les flots de chagrin que le ciel nous envoie.


Je ne me laisserai pas envahir par la marée céleste. Ce déluge naissant n'est pas assez puissant pour abattre tout ce qui en moi lutte contre la mélancolie. Pluie, je ne me laisserai pas noyer dans tes vagues légères, pluie. Je ne me laisserai pas leurrer. Pluie, je ris de ta tristesse. Ne vois-tu pas que tu ne peux rien contre moi? 


Il pleut tout un ciel opalescent. Et l'univers de gris macère dans le brouillard humide et pénétrant. La ville nage sous les nuages. La nuit vient. Les phares diffusent leur lumière à travers le voile tissé par les fils délicats de la pluie et ceux de la mi-obscurité. Les réverbères vacillent le long des routes luisantes. Défilé sans fin, procession de la nuit, les voitures avancent lentement dans les éclaboussures, jaillissements répétés. On dirait des scarabées géants qui, affolés, cherchent désespérément l'issue d'un labyrinthe, terrible...


Il est dans l'air que je respire un quelque chose de familier. C'est le goût de la France que j'ai quittée. Ce parfum de la pluie au bord de mes lèvres, je le reconnais. Sur le ciel se découpent mes souvenirs... Je vois Paris par un jour semblable. Maintes couleurs éclatantes égaient la nuit mouillée. À bientôt, j'ai besoin de penser...


Jeanne 

1972

Court séjour

Un avion, quelques cieux à franchir et voilà.
Un coup de téléphone ou trois mots à se dire
La rencontre des yeux, pleins de feu, pleins de rire,
C'est la joie dans mon coeur depuis que je suis là.

Mes lèvres n'ont de goût que pour la poésie.

Il eut été plus simple pour d'autres que moi
D'exprimer sans façon son affection pour toi
Face à face et en prose, mais moi j'ai choisi

Pour un être plus doux, des paroles plus douces,

Pour un regard plus tendre de tendres regards,
Pour toi qui sais donner de chaleureux égards,
Pour tout ce que tu es mes profondes ressources.

Demain l'oiseau d'acier m'emportera au loin

Vers ce qui fait ma vie et ce qui est ma voie.
Je sais qu'en m'emportant au sol où tu me vois
Il va me dérober un monde qui est mien,

Il va tout effacer de ce proche passé.

Il va enfouir au fond du coffre de mes jours
Les précieux souvenirs de mon heureux séjour,
Plaisirs auxquels je dois aujourd'hui renoncer.

Jeanne

!985


Présence

Le matin mes yeux lèvent leurs paupières,
Ton visage heureux sourit de me voir
Entrer dans le jour sans plus de manière
En t'offrant à toi mon premier regard.

Mes mains aiment tant caresser tes mains,

Caresser partout ta peau qui marie
Ses sensations aux miennes. Viens,
Viens contre mon corps, que l'amour nous lie...

Viens, tu sais combien notre amour est bel,

Tu sais vers quels cieux toujours il nous mène,
Tu sais chaque fois qu'il semble éternel
Et tu sais si bien quel ardeur m'entraîne

Vers toi. Ô amour, aime-moi encore,

Prends-moi dans tes bras, transmets ta chaleur
À mon coeur transi, apporte à mon corps
Cette douceur qui nous mène au bonheur...

Je ne rêve plus, mes yeux s'habituent 

Peu à peu au jour, et tu n'es pas là,
Couché près de moi. Mais la nuit venue,
Dis, tu reviendras dormir avec moi?

Jeanne

1972